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Rafles de 1943 : 70 ans après, se souvenir et transmettre

L’Université de Strasbourg commémore, cette année, le 70e anniversaire des rafles subies en 1943 alors qu’elle était repliée à Clermont-Ferrand. Depuis mi-octobre, les campus donnent un visage aux témoins de cette période. D’autres événements sont organisés jusqu’au 25 novembre. 

« En 1943, j’étais enseignant en lettres à l’Université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand…Pendant la rafle du 25 novembre 1943, des membres de la Gestapo clermontoise me croisent, en pleine conversation avec un autre enseignant, et me somment de lever les mains… Comme je ne m'exécute pas suffisamment rapidement, ils me tirent une balle dans le ventre et me laissent pour mort. J’agonise une partie de la matinée avant de décéder. » L’histoire de Paul Collomp fait partie d’une série de huit portraits installés depuis quelques jours sur les divers campus strasbourgeois à l’occasion du 70e anniversaire des rafles de 1943.
En cette année un peu spéciale, l’Université de Strasbourg a souhaité donner un visage aux témoins de cette période. Les premiers kakémonos présentaient brièvement huit étudiants et enseignants ayant vécu le repli de l’université à Clermont-Ferrand. Il s’agissait alors de susciter l’intérêt de la communauté universitaire sur ce chapitre méconnu de l’histoire de l’Université de Strasbourg. Depuis le début de cette semaine, ils sont complétés par d’autres affiches plus détaillées sur leurs « crimes » et le sort qui leur a été réservé. Un tract va aussi être distribué sur les divers campus. Grâce à des extraits de textes et une chronologie, il permettra de remettre les événements dans leur contexte.

Des événements inédits 

Plus tôt en octobre, une vingtaine d’enseignants, étudiants et administratifs de l’Université de Strasbourg ainsi qu’une délégation de l’Université de Clermont-Ferrand s’étaient rendu à Buchenwald où furent conduites certaines victimes des rafles de 1943*.
Et d’autres événements sont organisés d’ici au 25 novembre. Le film L’Université résistante sera projeté dans plusieurs composantes de l’université entre le 12 et le 21 novembre. Barcha Bauer, le réalisateur du documentaire, sera présent mardi 12 novembre à l’amphi Fischer en Faculté de chimie. Le lendemain, l’Ecole supérieure du professorat et de l’éducation de l’académie de Strasbourg organisera un échange entre les historiens Alfred Wahl et Léon Strauss ainsi qu’avec François Amoudruz, étudiant à l’Université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand. La Faculté de pharmacie coordonnera, quant à elle, une conférence intitulée « Itinéraires croisés de deux pharmaciens résistants : Jean-François Salomon et Paul-Antoine Joanny » mardi 19 novembre. Cette année, la commémoration s’ouvre aussi au grand public avec l’organisation d’une table ronde jeudi 14 novembre au Palais universitaire pour faire le parallèle entre un jeune de 1943 et un de 2013.
Pour clore cette commémoration, une cérémonie se déroulera, lundi 25 novembre à partir de 11 h dans l’aula Marc-Bloch, en hommage aux universitaires et étudiants victimes des rafles de 1943. Une délégation de l’Université de Clermont-Ferrand y assistera tandis que des représentants de l’Université de Strasbourg se rendront en Auvergne. 

Floriane Andrey

*Le récit de ce déplacement à Buchenwald sera à lire dans le numéro de L'Actu du 22 novembre.

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Alain Beretz : « L’université n’est pas une dépense, mais un investissement »

Le Conseil d’administration de notre université vient de voter la répartition des moyens entre le niveau central, dédié aux fonctions transversales, et les composantes et services communs. Le vote général du budget 2014 aura lieu en décembre. Ce travail est complexe, les administrateurs en ont longuement débattu. Cette échéance budgétaire est aujourd’hui l’occasion de vous faire part de quelques éléments d’une réflexion plus générale.

Nous sommes, et allons continuer à vivre dans un contexte budgétaire difficile. Nous : l’Université de Strasbourg. Nous : toutes les universités, en France et dans le reste de l’Europe. Nous : les services publics. Dans ce contexte difficile, nos orientations budgétaires ont fixé le cap : maintien du fonds de roulement, couverture des dépenses obligatoires, préservation de nos missions fondamentales. Mais nous ne pouvons pas dépenser ce que nous n’avons ou n’aurons pas. Pour assurer l’équilibre de notre budget, nous prenons, hélas, des risques pour l’avenir. Car l’avenir dans 20 ans, c’est bien aujourd’hui qu’il se joue. Par exemple, l’argent qu’il nous faudrait investir dans la maintenance des bâtiments ou du matériel informatique n’est pas à la hauteur des besoins, ni pour aujourd’hui, ni pour demain. Nous en avons pleinement conscience. Mais nous devons agir en responsables. Nous aurons d’autant plus de chances d’être entendus par l’État que nous saurons démontrer que nous réinterrogerons demain certaines de nos modalités de fonctionnement et de nos pratiques, pour mieux maîtriser nos coûts, avec toutefois la ferme volonté de préserver la qualité et la pérennité de nos missions.

L’autonomie dont l’université a besoin est plus que jamais indispensable. Mais ce n’est qu’en ayant les moyens de cette autonomie, nécessaires à l’exercice de ses missions fondamentales, la formation et la recherche, que l’Université de Strasbourg pourra donner le meilleur d’elle-même. La conférence des présidents d’université appelle, elle aussi, l’attention des pouvoirs publics sur l’importance de cet enjeu, car financer les universités, c’est former aux métiers de demain, investir dans la recherche pour qu’elle offre à la société de nouvelles avancées.

Le ministère travaille sur un nouveau système d’allocation des moyens qui puisse être à la fois plus juste et plus transparent. C’est certainement nécessaire. Mais une université comme la nôtre, reconnue internationalement, avec sa recherche de très haut niveau et son exceptionnelle pluridisciplinarité, risque aussi de souffrir de toute réforme de ce système qui ne tiendrait pas compte de ses spécificités, celles qui font aujourd’hui sa force et assurent son rayonnement.

J’avais déjà souligné dans une tribune, parue dans Le Monde en janvier 2012, que les universités ne sont aujourd’hui pas dotées des moyens suffisants pour remplir leurs missions, et que l'autonomie agit comme le révélateur de la négligence coupable de notre société vis-à-vis de ses universités. Autonomes sans moyens, elles ne peuvent qu'être déconsidérées, instrumentalisées et ramenées au niveau de simples usines à diplômes bâclés et stéréotypés.

Aujourd’hui plus que jamais ce constat reste d’actualité. Il nous faut donc continuer à dire au ministère, à la représentation nationale, et à tous nos concitoyens, que l’université n’est pas une dépense mais un investissement, et que c’est justement maintenant, en période de crise qu’il faut y investir. Oui, investir dans l’université, c’est investir dans notre avenir, dans l’avenir de nos enfants, de nos petits-enfants, dans l’avenir de ceux qui auront à vivre et à bâtir la société de demain et d’en relever les défis.

Alain Beretz
président de l'Université de Strasbourg

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L’Usias affirme son caractère interdisciplinaire et sa vocation internationale

L’Institut d’études avancées de Strasbourg (Usias) vient de désigner une seconde série de chercheurs invités (les fellows), et prépare, pour décembre, son symposium annuel. En un peu plus d’un an, le rayonnement et le recrutement international et pluridisciplinaire de l’Institut s’affirme, pour la plus grande satisfaction de Thomas Ebbesen, son administrateur. Pari gagné !

Collège de dix chercheurs strasbourgeois dont la reconnaissance scientifique est internationalement établie, l’Usias a été créé en 2012, comme l’un des projets phares de l’Initiative d’excellence. Son objectif est de soutenir des projets de recherche individuels ou collectifs complètement innovants, avec une forte composante interdisciplinaire. Les projets sont choisis via un appel à projets sur des critères propres à l’Usias. Une première série de seize chercheurs invités a été désignée à l’automne 2012. Puis, une seconde série au printemps 2013 : vingt-et-un personnes pour seize projets (six en sciences de la vie, cinq en sciences naturelles, cinq en sciences humaines et sociales). Les thématiques sont aussi variées que la catalyse dans les capsules moléculaires, l’origine animale du leadership, la politique nationale de la science et de l’innovation ou l’accumulation et la stabilisation améliorée en provitamine A. Au total, près d’1,8 millions d’euros financeront ces différents projets.

Plus de femmes et de chercheurs étrangers

Le cru 2013 de fellows compte 33% de femmes, et huit chercheurs externes à l’Université de Strasbourg (deux fois plus que l’an dernier), ce dont Thomas Ebbesen se réjouit comme d’une preuve de l’augmentation de l’attractivité internationale de l’université. Ils viennent de l’Université de York, de Lund, de Cambridge, de la Sorbonne, de l’École nationale supérieure de Paris, de Cardiff, plusieurs viennent de Fribourg. De plus un autre appel d’offre a aussi été lancé en 2013 conjointement avec l’Institut d’études avancées de Fribourg (Frias) pour renforcer les liens entre les deux universités. Quatre projets ont été sélectionnés impliquant neuf chercheurs. Parallèlement, la « mayonnaise » interdisciplinaire commence à prendre forme. L’Usias organise par exemple des séminaires-déjeuners pour les fellows afin de les inviter à échanger entre eux. À chaque repas, l’un d’entre eux présente sa recherche aux autres en s’efforçant de la faire comprendre. « Ne croyez pas que c’est plus facile pour un chimiste de comprendre des concepts philosophiques que pour un philosophe de comprendre la chimie moléculaire», commente Thomas Ebbesen. Ces déjeuners conviviaux ont aussi l’objectif de favoriser l’insertion des chercheurs extérieurs à l’Université de Strasbourg, et de créer de nouvelles interactions.

Des pointures scientifiques en symposium

Temps fort par excellence de l’activité de l’Usias, le symposium du 13 décembre est en préparation : il sera consacré à « l’essence en science », une réflexion pluridisciplinaire autour de « l’essence ». Tout un programme ! Cinq fellows de 2012 sont invités à parler de leur travaux au cours du symposium qui sera introduit par Jean-Marie Lehn et accueillera par ailleurs quatre conférenciers, qui sont des pointures scientifiques  : Claudine Tiercelin (Collège de France, chaire de métaphysique et de philosophie de la connaissance) ; Roeland Nolte  (Académie royale des sciences des Pays-Bas, chaire de chimie), Christophe Wulf (professeur d’anthropologie, Freie universität Berlin), Alain Prochiantz (Collège de France, chaire de processus morphogénétiques). Cette journée est ouverte à toutes personnes intéressées. Alors, notez bien la date !

Caroline Laplane

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Campus vert : changement de programme pour le chantier

Les travaux d'assainissement prévus dans la rue Blaise-Pascal, dans le cadre du chantier du campus vert, devaient démarrer début octobre. Pour des raisons techniques, leur mise en œuvre est décalée au début du mois de janvier 2014. Afin de ne pas prendre de retard sur le planning général, les travaux d'assainissement ont finalement débuté rue René-Descartes devant l'Institut de mathématique et informatique. Ils se prolongeront devant l'Institut de biologie moléculaire et cellulaire et l'Institut de physiologie et de chimie biologique. Certains parkings de la rue Descartes se trouvent de fait neutralisés provisoirement.

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Inauguration de la Maison pour la science en Alsace

Implantée au cœur du campus historique de l’Université de Strasbourg, la Maison pour la science en Alsace au service des professeurs a démarré ses activités à la rentrée 2012 grâce à une collaboration étroite et fructueuse entre universitaires, chercheurs, pédagogues et industriels. Elle a pour vocation d’assurer le développement professionnel des enseignants de l’école primaire et du collège, dans le domaine des sciences et techniques vivantes, afin de faire évoluer leur pédagogie au bénéfice de tous les élèves.
Installée dans des locaux rénovés de l'Institut de zoologie de l’Université de Strasbourg depuis la fin octobre, la maison se veut un véritable lieu de vie et de ressources pour les enseignants alsaciens. Elle sera officiellement inaugurée le 14 novembre prochain en présence de l'ensemble de ses fondateurs et partenaires.

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L'équipe projet Alisée s'installe à la Krutenau

L’équipe projet Alisée (Application logicielle pour l'information et le suivi des étudiants et des enseignements) s’est installée pour deux ans dans des locaux situés en face de la place Saint-Nicolas-aux-ondes à la Krutenau.

La mise à disposition de cet ancien internat du lycée Jean Rostand - aujourd’hui annexe du lycée Oberlin -  par la région Alsace a fait l’objet d’une convention signée entre les différentes institutions. Entièrement réaménagé, cet espace de 500 mètres carrés a permis de regrouper l’équipe qui était répartie en divers lieux du campus central. Cette nouvelle disposition permet aujourd’hui d’exercer une meilleure coordination du projet et dote les acteurs permanents du projet d’espaces de travail propres.
L’inauguration de ces locaux a eu lieu le 15 octobre dernier avec l’ensemble de l’équipe projet, le président de l’Université de Strasbourg, Alain Beretz, et les porteurs du projet, la société Elucian et un représentant du conseil régional.

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Ouverture de la nouvelle salle de la bibliothèque des langues

La bibliothèque des langues a ouvert, en septembre dernier, une nouvelle salle aux lecteurs.

Depuis le mois de septembre 2013, une nouvelle salle d’étude est à la disposition de la communauté universitaire à la bibliothèque des langues et propose des documents en Langues, littératures et civilisations scandinaves, Langues, littératures et civilisations néerlandaises et Dialectologie alsacienne et mosellane.
La salle est accessible à tous, aux mêmes horaires que la bibliothèque des langues : du lundi au vendredi de 9 h à 19 h. Les règles de prêt sont les mêmes que pour les autres documents.
Les lecteurs pourront également profiter de tous les services offerts par la bibliothèque des langues : places de travail assises, postes informatiques, copieurs-imprimantes-scanners, prises électriques, salles de travail en groupe et Wifi. Pour plus d’informations, n’hésitez à vous renseigner à l’accueil de la bibliothèque.

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« Différent et compétent » : vers la reconnaissance des acquis de l’expérience

L’Université de Strasbourg a accueilli, le 25 octobre dernier, l’événement « Différent et compétent », première cérémonie de remise des attestations de reconnaissance des acquis de l’expérience pour 36 travailleurs handicapés déployant leurs compétences et leurs savoir-faire dans des Établissements et services d’aide par le travail (Esat) et dans une Entreprise adaptée d’Alsace.

La cérémonie a réuni près de 300 personnes le 25 octobre à l'Escarpe. Hugues Dreyssé, vice-président Ressources humaines et politique sociale, a salué l’initiative locale de ce collectif d’établissements de travail protégé et l’ensemble des acteurs qui le constitue. Les 36 récipiendaires étaient fiers d’être récompensés et reconnus au sein de l’université, lieu emblématique du savoir, espace attaché à la construction de dispositifs visant à valoriser le sujet, à développer son potentiel, sa réflexion autour de son activité, et bien sûr la formation tout au long de la vie.
Le slogan de la prochaine Semaine pour l’emploi des personnes handicapées qui se tiendra du 18 au 23 novembre prochain est d'ailleurs « Plus que jamais mobilisés … autour de la formation ! ». La formation et la qualification des personnes handicapées restent un enjeu majeur. Encore trop faiblement qualifiées, les personnes handicapées sont souvent considérées comme ne répondant pas suffisamment aux attentes des employeurs. La démarche « Différent et compétent » inscrit bien la personne dans un processus de reconnaissance des compétences et dans une logique de parcours qualifiant.

Bousculer les représentations

En matière d’accès à l’emploi de personnes handicapées, l’Université de Strasbourg se met en marche pour aller au-delà des 2 % affichés à ce jour et remplir ses obligations, en mettant en œuvre un dispositif autour du recrutement et du recensement, de l’aménagement de poste et de campagnes de sensibilisation et de formation. Les mesures engagées concernent aussi l’intégration dans les appels d’offres des marchés publics des établissements de travail protégé et la possibilité d’employer des travailleurs, parfois avec un handicap mental léger, venant de milieux de travail protégé et souhaitant déployer leurs compétences dans le milieu ordinaire. L’exemple des 36 personnes handicapées, dont les acquis de l’expérience ont été reconnus sur la base de référentiels métiers de droit commun, doit permettre de bousculer les représentations en matière de handicap, considérer la co-construction des savoirs et des compétences en intégrant des profils différents, faire porter un regard professionnel sur ces parcours exemplaires.